Station hand, ou comment se donner corps et âme pour ce satané 2ème visa.

La pluie, enfin, le déluge. Il est 21h, au fin fond de mon lit dans ma petite cellule avec air conditionné, je profite de ma dernière nuit ici. 1 mois, au fin fond du bush…

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La station pendant l’orage

 Il me manquais un mois de travail régional pour pourvoir demander mon 2ème visa.  29 jours exactement. Quelques jours après le nouvel an, je débute mes recherches. J’ai eu beau chercher dans le Queensland, autour de Brisbane, rien de probant. Le stress monte, le doute point le bout de son nez, j’en arrive à me dire que je vais me barrer directement 3 mois en Asie et rentrer, quitte à ne pas savoir ce que je ferais dès mon retour.

Je  décide de jeter un coup d’œil aux offres proposées par l’agence qui m’a trouvé mon job sur le bateau perlier. Ah, une annonce intéressante : faire le ménage dans une « cattle station » (ranch), à 700km au sud de Darwin, pour 1 mois minimum (ce qu’il me faut), nourrie et logée gratuitement, et qui permets d’avoir le 2ème visa, tout cela pour 140$ par jours. Banco, je postule le dimanche et après quelques échanges de mails avec Tuesday, la fille qui m’avait trouvé mon dernier job, elle me dit « c’est bon, tu as le job, tu démarres dès que tu peux être à Darwin ». Hum ok. Prix des billets Brisbane > Darwin ? Cher. Cher cher même, mais je me dis « pas grave, ce que je vais économiser à la ferme va renflouer tout ça ». Et c’est parti, j’embarque lundi midi pour Darwin. Enfin pour « Darwin ».. En fait j’ai 3 vols, 9h de trajet alors que tout peut se faire en 4h. Arrêt à Cairns, Gove et enfin Darwin, ou j’arrive vers 23h.

Rendez-vous avec mon ami Finlandais Tommi. Toujours en contact depuis juillet dernier, nous avions bien discuté et j’étais motivée à revenir à Darwin, car il semble qu’il y ai plus d’opportunités dans l’état du Northern Territory qu’ailleurs. Le lendemain, direction la station de car, pour 11h de route. Je rencontre Amanda, ma future collègue Ecossaise. Marrante, je me dis que l’on va bien s’entendre J

A 23h, le car nous dépose au milieu de nulle part, nous dit que c’est notre arrêt, allez hop on descend, on récupère nos bagages. Et là, on commence à avoir peur. Pas loin de Tenant Creek, Tommi m’en avait parlé en me disant « ville ou j’ai vu le plus d’aborigènes, peut être un des endroits ou il ne faut pas trainer la nuit ». Donc là, 2 filles, à 23h, avec toutes nos affaires, argent, on est toute seule, personne ne nous attend (alors que c’était prévu !). Ouf, j’ai de la batterie et du réseau. Pas de bol, portable du manager éteint. Amanda panique, je panique intérieurement car faut bien qu’il y en ai une qui raisonne l’autre. Après 40min, on arrive à avoir la ferme, on nous dit qu’on n’est pas au bon arrêt mais que quelqu’un vient nous chercher. A BON ???? Vous n’auriez pas pu nous téléphoner et vous inquiéter de ne pas nous voir ? Ça commence bien.

Newcastle Waters Station, c’est un ranch de 11 000 hectares, le 13ème en Australie au niveau de sa taille, ou l’on élève des vaches et des taureaux. 60 000 têtes, des Brahmane, race bovine Indienne qui tire ses origine du Zébu (zébu quoi?). La station a été fondée en 1883 par l’anglais Dr Browne qui a fait venir des troupeaux de vaches depuis le Queensland, à pieds. La majorité des ventes sont conclues avec des acheteurs Indonésiens.

En ce qui concerne le lieu ou je vis, il y a plusieurs bâtiments, plus ou moins éloignés :

  • les bureaux,
  • la cuisine,
  • le bâtiment des filles,
  • celui des garçons (2 maisons),
  • la salle « à viande » (ou les découpes sont faites),
  • le pré pour les veaux (mon fief),
  • une guest house pour les camionneurs de passages (5 chambres),
  • la villa de l’ancien propriétaire, guest house de luxe pour les chefs d’entreprise de passages (7 chambres, 7 salles de bain, 2 terrasses, 1 piscine, cuisine, jardin…)

CAM01319CAM01320CAM01323CAM01332Guest house avec piscine

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La maison des cowboys

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La maison des filles

La fine équipe :

Brad et Monekka, les managers, la trentaine. Lui, un des plus compliqués à comprendre car il a un accent à découper au couteau. Elle, gentille, mais à part me dire quel boulot je dois faire, rien de plus.

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Gaz, le jardinier. Non, rien à voir avec celui de Desperate Housewives, même de dos et dans le brouillard.Gentil et souriant, toujours près à m’aider ou à aller chercher un fusil quand mes petits veaux sont à l’agonie..

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Les Cowboys. Une quinzaine les 3 premières semaines. Des vrais, avec les bottes, le jean, le chapeau. Bon après, je n’ai pas croisé Clint Eastwood, même en cherchant bien. Des  australiens, qui ont le pied à l’étrier depuis leurs enfance. La majorité n’a pas fait d’études poussées, être « ringer » coule de source. Ils sont très bon dans la gestion des bêtes, travaillent de longues heures sous le soleil ou dans la boue sous la pluie. Travail physique et harassant qui tient de la vocation, ils vivent sur la station et repartent dans leurs famille quelques mois par an.

La cowgirl. Jessie. Gentille, elle me donne des conseils pour mes petits veaux, à été ma coiffeuse, copilote… Celle avec qui je passes le plus de temps. Tout ce qu’elle à tient dans son 4×4, le sourire aux lèvres, elle monte des chevaux depuis une quinzaine d’année et est cowgirl depuis 2 ans environ.

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La cuisto. Eva. Blonde, une vraie anglaise, toujours prête à faire la fête !

J’ai travaillé 10 jours avec Amanda qui est partie par la suite, la paye étant meilleure dans son dernier job. Nous avons été cuisto, femme de ménage et fermières, tout cela dès le lendemain de notre arrivée. Levé à 3h45, fin du boulot à 20h, 2h de pause dans la journée.. 14h de travail par jour, on avait jamais fait la cuisine en tant que chef, on a du se débrouiller.

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Avec Amanda, on s’éclate en cuisine!

Oui on était crevées, oui on était stressée. Après une semaine, on a commencé à prendre notre rythme. Je nourrissais les bébés au biberon, ça prends du temps et Amanda s’occupait des veaux un peu plus grands, qu’il faut regrouper et parquer avant de leurs donner à manger.

Niveau cuisine, on s’épatait nous-même ! Quiches, tartes, pizzas, ragouts, poulet en papillotes avec bacon et fromage, gratin dauphinois, bœuf braisé, fondant au caramel, biscuits chocolat/noix de coco…

Après 4 jours, on reçoit notre 1ère fiche de paye, on commence à lire et là… « Elle est ou la caméra ? surprise sur prise ?! ». Tu m’expliques pourquoi on ne gagne que 60% de ce qui était noté sur l’annonce + on paye notre nourriture et notre hébergement ». Là, on s’énerve. Ils se foutent vraiment de nous, on bosse comme des esclaves et au final on à pas ce qui était prévu. Le moral n’est pas top, Amanda décide de partir. Je me retrouves avec moi et moi-même, un peu paumée mais bon, j’y suis, j’y reste.

J’appréhendais mes journées car je ne connaissais pas vraiment les autres. Finalement, j’ai commencé à parler aux cowboys, aux filles et l’on a accroché. Le 26 Janvier, jour de fête nationale, je suis partie avec Jack, le pilote, pour faire un baptême de l’air dans l’avion (4places), voir la station du ciel, les alentours. Après, toute la compagnie est partie au lac (oui, il y a un lac dans la station) faire du bateau, ski nautique, wakeboard(comme du ski nautique, mais les pieds fixés sur une planche), kneeboard (comme du wakeboard, mais à genoux), partager quelques bières et écouter de la musique.  Une bonne ambiance, on à refait la même chose le week end d’après. Les 10 derniers jours, nous n’étions plus que 8 dans la station, une partie des cowboys étant rentrés à la maison (la saison de travail va de mars à décembre).

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Ils m’ont aussi amenés avec eux dans les champs, voir les vraies vaches et taureaux. 1m70 au garrot, des monstres. De quoi faire tout plein de steak J J’ai assisté à la stérilisation de vaches (trop vieille pour avoir des veaux), à 7h du mat. Ça fait bizarre… Le pré est gigantesque, il y a un système de sas avec des couloirs ou l’on fait passer les vaches, pour pouvoir les ausculter unes par unes. Ensuite, nous avons marqué les veaux les plus jeunes avec un numéro et on les a répertoriés (sexe, type).

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En avant pour la stérilisation :/

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Un petit veau, on le coince dans une sorte d’étau et on le marque (non non, ils n’ont pas mal 🙂

Niveau look, on se passera de photos.  Je suis un joyeux mélange de terre, poudre de lait, pluie, boue, et autre, trempée la plupart du temps. Bottes, legging et sous pull manches longue, cheveu en bataille. Mes amis, les chiens de la ferme qui me suivent partout avec mon seau et mon balais et dorment devant la porte de ma chambre la nuit. Ou alors ils me suivent et essaye de mordre le balais à chaque fois que je balaye. Mes ennemies, les mouches. Elles essayent de rentrer par tout les moyens : yeux, bouche, nez, pas la peine de gesticuler, elles restent agrippées aux bras, sur le dos, les jambes. Et ces saletés, elles piquent, surtout quand je nourries les veaux (chevilles, bras, jambes). Même en m’aspergeant de répulsif, rien n’y fait.

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Quand il pleut, il pleut!

Mes bébés ? 9 veaux de 4 mois et 4 petits veaux de quelques semaines. Ils sont parqués dans un petit prés et je  les amènent à l’étable pour les nourrir, dans de grandes mangeoire ou il faut fixer des tétines. Les plus jeunes sont nourris un par un au biberon (de 2 litres). C’est rigolo, il y a une façon de se positionner pour les faire avancer, des sons à faire pour les bouger. 3 veaux m’ont bien soulé à s’échapper entre les files de fer pour aller manger de l’herbe, sans doute plus verte ailleurs. Donc j’ai quelques fois passé des heures à les chercher dans la station. Je vous laisse imaginer quand je les trouve, je leurs cri un peu dessus en Français. Le jour le pire a été lorsque j’ai tenté de ramener les coco au pré et qu’ils ont décidé que non, ils ne prendraient pas ce chemin. Donc ils se mettaient à courir, lancer des coups de sabots. Et moi j’étais là, à les voir me faire tourner en bourrique.

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Les satanées 3 vaches qui prennent la poudre d’escampette pour aller manger des feuilles

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Les mangeoires, à nettoyer 2 fois par jour

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Comment nourrir un petit veau avec un biberon de 2 litres..CAM01537

Les seau ou l’on met la poudre de lait et l’eau

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Et niveau nettoyage, si vous vous demandez ce que je dois nettoyer : et bien tout ce qui est dans la liste un peu plus haut !!

J’ai aussi fait de la peinture, repeins 2/3 endroits. Ça va, ça m’a plus, je n’ai jamais eu l’occasion avant !

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Et mes copains les animaux !

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Petit gecko dans ma chambre

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Sauvetage de Batman, qui à du se prendre une porte vitrée. Une pelle et le tour est joué

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Rusty, un de nos pensionnaires

Photos en vrac des autres années, histoire de vous montrer les cowboys et cowgirls en action, le domaine…

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Avoir son 2ème visa n’est pas facile, on est au final obligée d’accepter un peu tout. Pas contente de m’être faite avoir niveau salaire mais contente tout de même de pouvoir économiser plus qu’a Darwin. Je pensais retrouver l’ambiance du bateau mais cela est différent. Malgré tout, j’ai rencontré des personnes attachantes qui ont changé mon passage à la station, avec qui j’ai partagé de bons moments et créés des souvenirs.  Demain, 11h de bus direction Darwin, ou l’on m’attend. Et d’ici quelques jours, je m’envole… Ailleurs !

5 réponses à “Station hand, ou comment se donner corps et âme pour ce satané 2ème visa.

  1. vraiment super de pouvoir suivre tes aventures en Australie, ça fait rêver c’est cool, et ça donne surtout envie d’y aller, bonne continuation Vincent ex-collègue et voisin de bureau Chez PSA de Brice.

  2. Super article comme d’hab
    Dommage pour les sous, mais ça a l’air d’avoir été une belle aventure:
    Fiers de toi comme toujours, bisouuuus

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